J'aimerais apporter quelques précisions dans le débat :
En ce qui concerne les "pro-vie" catholiques/religieux, je crois que personne n'a fait mention de l'élément pourtant essentiel dans ce débat : l'âme.
Selon la religion catholique (et même la religion en générale), un être vivant à une âme dès sa conception. Et tout être ayant une âme mérite de vivre sous la protection de la communauté des croyants. Donc à 3 mois, même s'il n'est pas formé physiquement, l'embryon est un être vivant ayant déjà une âme, donc a une caractéristique humaine, donc le tuer est un meurtre.
Sur la famille dans l'Ancien Régime : ce n'est pas qu'elle n'existait pas, c'est qu'elle ne se concevait pas comme nous la concevons. Dans la société actuelle, la famille est constituée des personnes liées par le sang/les liens juridiques.
Or le mot "famille" vient du latin "familia", qui signifie la maisonnée, incluant toutes les personnes vivant sous un même toit. Donc cela incluait la femme, les enfants, les domestiques, les apprentis vivant chez eux, etc. La famille par le sang était désignée comme "gens". Cette différentiation est restée vivace jusqu'au XVIIIè siècle.
L'amour et l'attention pour les enfants n'est pas apparue par magie au XVIIIè. L'attachement à l'enfant est difficile à saisir pour nous. Il faut rappeler que seul 1 /4 des enfants effectivement nés atteignaient l'adolescence (13 ans) ! Humainement, comment voulez-vous vous attacher à un être qui ne survivra peut-être pas à sa 1ère année ? La mortalité des enfants était particulièrement grande dans les jours suivants la naissance, puis sa 1ère année, puis vers 3/4 ans (sevrage très sévère), à 8 ans (moment où il commence à aider), et 13/14 ans (moment où il commence à véritablement apprendre son métier, avec les risques, à pouvoir être appelé à se battre...). Sur 6 enfants nés par femme, seuls 2 voire un seul atteignaient l'âge adulte. Moralement c'est impossible de s'attacher à un être humain "en construction" (on est véritablement humain qu'une fois formé religieusement). Descartes écrit dans sa correspondance la mort de sa fille comme étant une chose normale, courante. Pleurer parce qu'on envoie son fils chez un charpentier n'a pas de sens. Les fils de nobles étaient généralement confiés vers 6/7 ans à leur oncle maternel pour les éduquer. Donc "juridiquement", il est lié à ses parents, mais aussi à tout ceux ayant pris part à son éducation (et qui doivent l'assister jusqu'à leur mort).
Si la famille au sens affectif est née au XVIIIè, c'est grâce aux progrès de la médecine : les femmes meurent beaucoup moins en couches, et la mortalité des enfants est en baisse significative.
Pour le statut de la femme dans la société européenne :
Je vais choquer sans doute beaucoup, mais le statut de la femme médiévale est bien plus enviable que celui de la femme au XVIè siècle. Pourquoi ? Le droit romain considère que la femme est une éternelle mineure, enfant sous la coupe de son père/frère puis mari. Or la société médiévale est aussi née des apports "germaniques" des invasions barbares. Et la femme y est égale à l'homme : elle peut gérer ses biens, être à la tête de certaines institutions, voire exercer un métier indépendamment de son mari (institutrice, médecin, marchande). Certaines veuves de comtes ont même reçu des serments de fidélité de vassaux ! Le droit romain a été "redécouvert" véritablement au XV et XVIè siècle, a été donné comme seul droit valable (car écrit), et la femme/reine/épouse a retrouvé son statut d'éternelle mineure, malgré le mariage religieux (qui exige le consentement des 2 époux, et non pas seulement celui de leurs familles comme à Rome). Sans dire que la condition de la femme était merveilleuse au Moyen Age, je veux casser les clichés de la femme traînée dans la boue...Si on compare Blanche de Castille (médiévale) et Catherine de Médicis (XVIè), régentes à poigne, c'est bien Catherine qui a été beaucoup insultée et a laissé une légende noire. De même les reines de l'époque moderne n'ont pour ainsi dire joué qu'un rôle très mineur , voire aucun.
J'hésite à faire un paragraphe historique sur la sexualité X) , des intéressées ?