gingermind;4033507 a dit :
@morganegirly ça ne va pas forcément te remonter le moral mais une amie a vécu trois ans à l'île Maurice pendant son enfance et elle se faisait appeler Blanche-Neige tout le temps (même à l'école). On ne peut pas vraiment parler de harcèlement sexuel, vu qu'elle avait... entre 8 et 10 ans. C'est juste une détestable habitude d'imbéciles qui veulent bien te faire sentir que tu n'es pas du coin. Enfin dans ton cas j'imagine bien que les deux sont mêlés. Je t'envoie tout mon soutien. Bon courage! (et tu peux aussi chanter "hey ho, hey ho , je rentre du boulot" dans ta tête pour garder le sourire
)
denderah;4033560 a dit :
@morganegirly
Ça ne doit pas être évident à vivre ce quotidien, je peux comprendre que sur le coup, tu en ais eu marre.
Mais ne te laisse pas faire !
Exemple de petite proposition, en tenant compte de ce que tu décris sur ton physique, et de l'altercation que tu as subi :
Bref, répliques, et ridiculise les du tac au tac
Tu peux le faire !
Et repose donc cette teinture !
Merci pour votre soutien les filles, ça m'a remonté le moral:test
Je ne sais pas trop pourquoi le Blanche-Neige m'a achevé parce que franchement j'ai déjà entendu pire comme insulte (si vous avez jamais connu le "viens sucer ma bite ptite salope" tous les 100 mètres, sortez un samedi soir sur l'Avenue des Champs-Elysées pour voir). Mais chai pas, j'imagine que c'est parce que c'était un minimum personnalisé et que ça ciblait une de mes caractéristiques physiques (ma peau + mes cheveux ou mon short blanc, je sais pas trop).
Oui en plus, c'est un classique de l'insulte ethnique (qui cible aussi bien les Noirs par ironie raciste que les Blancs).
Je ne sais pas trop si je me sens prête à réagir pour l'instant... En fait, je disais que les gens s'adressaient à moi comme ça quand ils pensaient que je n'allais pas m'arrêter mais c'est pas exactement vrai. Quand je me promène sur la plage publique (par opposition aux plages peu fréquentées ou des hôtels), il y a parfois des hommes qui viennent me parler pour boire un verre, peu importe si je leur raconte que je suis en lune de miel ou autre. En fait, plus je leur réponds (même négativement) et plus ils me collent. Donc je me dis que pour les mecs genre le vendeur de beignets, ils risquent de voir ça comme une ouverture si je réagis à leur interpellation.
Un de mes collègues avait l'air de trouver ça flatteur que des hommes me dévisagent avec insistance dans certains endroits où je vais. Un jour où il avait été témoin de ça, il l'avait raconté avec enthousiasme à tout le bureau après, et parfois il le raconte encore comme notre bon souvenir! Depuis, il me dit avec joie chaque fois qu'il remarque des gens en train de me reluquer, trop gênant quoi!
Donc je pense que beaucoup d'hommes ici ne doivent pas voir ces comportements si négativement mais plutôt se dire qu'ils s'amusent juste ou que c'est une manière de complimenter... et que si je réponds à leurs sifflements, c'est que je veux rentrer dans leur jeu.
Par contre, c'est vrai que je devrais prendre mon courage pour répondre aux mecs dans les voitures qui me prennent pour une attraction le long de la route. Parce que c'est clair qu'eux, ils ne vont pas s'arrêter pour bavarder.
En fait, il y a quelques années, il y avait eu une campagne lancée par Amnesty International sur le harcèlement des rues et je me souviens que le témoignage de certaines filles m'avait vraiment halluciné (je connais l'Ile Maurice depuis plusieurs années). Je me disais qu'on avait dû les éduquer à encaisser ce type de comportement en silence comme une normalité.
Une de mes copines m'expliquait qu'un jour, elle attendait à l'arrêt de bus seul. De l'autre côté de la rue, il y avait un groupe de jeunes mecs. Ils ont commencé à ramasser du gravier et lui lancer dessus en rigolant et en l'interpellant. Elle, elle était terrorisée et elle les ignorait, mais eux du coup ça les amusait à fond et ils ont continué jusqu'à ce que le bus arrive.
Quand elle m'a raconté ça, j'étais stupéfaite qu'elle soit restée là sans rien dire. Mais elle me disait "qu'est-ce que je pouvais faire?". Ben je sais pas... Leur dire d'arrêter avant tout? Dans son récit, les garçons n'avaient pas l'air de dangereux bandits, juste de petits cons, mais ça lui paraissait étrange de dire stop. Sur le coup, j'ai pensé qu'en disant aux femmes "vous êtes des victimes" la campagne oubliait de leur dire qu'être victime n'est pas une condition mais une situation, qu'on a donc le droit de réagir.
Du coup c'est vrai que je pense qu'une partie de la résolution du problème passe aussi par nous, les filles harcelées, et par nos réactions quand on est pas d'accord. Il faudrait que je le fasse plus...
En tout cas, quand je suis dans ma ville touristique, je vais continuer à bien m'habiller comme je veux