Veille permanente sexisme

[Irideae]

J'étais en train de regarder l'Edition Spéciale sur canal plus quand la présentatrice du journal parle d'une brève sur "My little pony" et sort le plus naturellement du monde: "... mais le plus flippant, c'est que la majorité des fans sont des hommes." et Ariel Wisman d'ajouter: "Des psychopathes." Ah bon? Alors comme ça, on peut pas être un mec hétéro et regarder "Mon petit poney" sans être taxé de psychopathe flippant?  Pour rappel, cet article sur le phénomène des "Bronies" posté il y a quelques temps sur madmoizelle: http://www.madmoizelle.com/bronies-kiffent-mon-petit-poney-100587 Perso, je préfère ce point de vue-là. Enfin bref, y a encore du boulot et je profite de l'occasion pour vous donner le lien de cet article http://cultures-genre.com/2013/05/28/de-linconvenient-detre-feministe-en-librairie-jeunesse/ , qui met le doigt sur le problème de la littérature jeunesse genrée, notamment pour les petits garçons. Parce qu'une petite fille peut bien s'identifier à un personnage masculin, par contre l'inverse, c'est impossible dans la tête des gens (je viens d'ailleurs d'aller sur le site du CNRTL et sur la page de définition de "garçon", on trouve bien évidemment l'expression "garçon manqué"; en revanche, sur celle de "fille", aucun équivalent. C'est quand même pas un hasard.).

 

[Slaw]

Pour rebondir sur ce que disait @DestyNova au sujet de l'intervenant en cours d'éducation sexuelle (et je pense qu'une autre madmoizelle en avait parlé à propos d'anti-IVG qui donnaient des cours aussi (?!!)):
qui autorise ces intervenants? Comment sont-ils recrutés par les établissements? Ils doivent faire partie d'associations? Quelles compétences exige-t-on de ces personnes?

[Racontage de vie:
Je me souviens que j'avais eu 2 fois des interventions sur la sexualité, en 3me et en 2de. Les intervenantes venaient du Planning Familial, ce qui semblait être de bon augure. Pourtant, elles avaient un discours qui m'avait beaucoup agacé à l'époque:
- elles prenaient les mecs pour des prédateurs sexuels en puissance qui ne pensaient qu'à se vider dans des filles
- et les filles pour des oies blanches qui se laissaient abuser et qui n'éprouvaient ni désir, ni curiosité sexuelle mais qui devaient assumer seules (pauvres victimes qu'elles étaient) les conséquences d'un acte sexuel: forcément dépistage VIH/IVG
- elles avaient fait une impasse complète sur ce que signifie la sexualité pour une majorité de personnes: découverte du plaisir, recherche de celui-ci, respect de l'autre...

=> bref, elles décrivaient le sexe de manière très négative  et cherchaient (il me semble, à nous effrayer en nous racontant des anecdotes sordides). Et je me souviens qu'elles m'avaient complètement braquée (qui a envie d'être traitée d'idiote?). Les garçons ricanaient, on attendait que ça se passe... ]

Mais voilà, je lisais qq ch à propos d'un livre qui traitait de l'avortement aujourd'hui et qui établissait une comparaisons avec les Pays-Bas:
- le même accès à l'avortement dans les 2 pays: gratuit, possible pour les mineures etc
- une différence criante concernant les chiffres: l'avortement est bien plus pratiqué en France que là bas
Et d'après ce livre (dont je ne retrouve pas le titre), cette différence tiendrait au fait qu'aux Pays-Bas, ils mettent beaucoup en avant le fait que la contraception est une responsabilité que se partagent les garçons & les filles à égalité.  Donc l'incompétence de ces personnes a des conséquences graves (cf aussi le retraité qui tenait des propos teintés d'homophobies: et si un élève homosexuel...)

=> enfin, je me dis qu'il faudrait un plus grand contrôle de ces intervenants, qu'ils soient mieux accrédités. C'est une idée qui pose problème parce que je me demande qui serait légitime pour remplir ce rôle là et que cela nécessiterait un certain investissement de la part de l’État (mais le recours aux IVG coûte cher, donc il y trouverait peut-être son compte...), des établissements...

Spoiler

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L'éducation sexuelle en France devrait être revue:
- elle devrait parler d'homosexualité (mes 2 intervenantes l'ont passé sous silence)
- elle devrait s'adresser à égalité aux membres féminins et masculins de l'auditoire, qui sont tous concernés
- elle ne devrait pas tenir de discours culpabilisant sur la sexualité
- ...


Comment changer ce système?

 

[Lafastod]

Mbon. J'ai jamais posté ici (même si je lis ce que vous dites), mais tout à l'heure, là, y'a pas longtemps, j'ai pêté un câble.
Je sais que le lien du blog avait déjà été posté ici, et que déjà c'était pas cool, mais là, ils ont carrément pris le nom de domaine. C'est vrai, au cas ou quelqu'un voudrait leur piquer leur super idée.

Le site ici

Morceaux choisis :
Sympa.

Et on respire un grand coup.

 

[Lova Gloomit]

=> enfin, je me dis qu'il faudrait un plus grand contrôle de ces intervenants, qu'ils soient mieux accrédités. C'est une idée qui pose problème parce que je me demande qui serait légitime pour remplir ce rôle là et que cela nécessiterait un certain investissement de la part de l’État (mais le recours aux IVG coûte cher, donc il y trouverait peut-être son compte...), des établissements...

Le souci c'est qu'il me semble que les intervenantES sont justement contrôléEs (directement ou de façon implicite) dans le but de tenir ce discours-là... Les études critiques ne manquent pas, les personnes motivéEs pour faire du travail plus inclusif (des diverses (a)sexualités et identités de genres) et féministe ne manquent pas, mais il leur est impossible de se faire un chemin dans le système institutionnel, justement parce que ce système est profondément sexiste, homophobe, transphobe, etc. Ce n'est pas sur l'Etat qu'il faut compter, mais au contraire sur la critique de l'Etat et sur le développement d'un système alternatif et autonome de formation, d'information et de transmission des savoirs, le tout reposant sur un réseau de solidarité qui soit toujours prêt à se remettre en question.

 

[Titien]

@chasc: ouais!
Honnêtement @DestyNova je suis choquée parce que tu racontes... je trouve ça affreux de savoir qu'une telle personne a pu faire une intervention auprès de ces jeunes. Un ami gay m'avait raconté qu'il était tombé que un intervenant peu... "compétant".... pour parler d'homosexualité quand il était jeune et ça lui a laissé un gout très très désagréable et il lui a fallu des années avant de s'en défaire...
Il y a quand même des chances pour qu'un/des homo aient été dans cette salle de classe ce jour là et ça me glace un peu de lire tout ce qu'ils se sont pris dans la gueule par quelqu'un qui fait figure d'autorité en la question.
Enfin perso j'ai eu la chance de toujours bien tombé dans ce genre d'interventions (du genre à nous encourager à aller en couple chez la gynéco/le médecin pour parler de la contraception) mais quand j'entends des expériences comme ça ça me fait vraiment peur.

 

[Maïline]

Simone de Beauvoir est-elle intéressante à lire dans le cas du féminisme ? C'est une auteur qui m'intéresse car je suis une littéraire et je pense que les Mémoires d'une jeune fille rangée et le Deuxième Sexe peuvent être des lectures intéressantes, non ? Quelqu'un les a lus ?

J'ai lu !
Les mémoires sont très sympa comme autobiographie déjà, et aussi grâce aux multiples passages qui montrent l'indignation que Simone a ressenti dès son enfance et son cheminement vers le féminisme (Et oui, c'est ma bestah Simone, je l'appelle par son prénom seulement).
C'est le bouquin qui m'a introduit au féminisme, si il aime bien les biographies tu peux tenter !

Le Deuxième Sexe c'est passionnant, même si j'ai moins accroché au second tome (des longueurs, et des théories quand même trèèèès dépassées. Je n'aime pas du tout ses paragraphes sur l'homosexualité féminine, si je me souviens bien c'était un peu du style "elles aiment pas les hommes bouh". Bref, j'avais été déçue là dessus, mais ma lecture date donc il faudrait que je vérifie ça.)

Le premier tome est génial, clair, et a beaucoup mieux vieilli que le second, beaucoup de choses sont encore d'actualité. Le style est assez agréable à lire en plus.
Il aborde l'histoire du féminisme, l'aspect biologique, comment la société est arrivée au patriarcat, des exemples d'autres sociétés où ça ne se passe pas comme ça ...
Bref, ça fait réfléchir, ça donne une bonne culture féministe et pas que, et c'est Simone de Beauvoir, c'est dur de dire "bouh féministe enragée" même pour les non féministes je pense
En plus, ça prouve que la supposée "théorie du gendeur importée des USA" bah c'est absolument pas récent, les études de genre existent déjà en France depuis avant 1950 ...

En gros, le premier tome du Deuxième Sexe est à lire impérativement, mais si tu souhaite faire passer les idées féministes plus "subtilement", intégrées dans un roman, Les Mémoires d'une jeune fille rangée est très bon aussi !
(J'aurai une préférence pour le Deuxième Sexe quand même)

(Et ça fait un bail que j'avais pas posté ici moi... )

 

[MorganeGirly]

Le souci c'est qu'il me semble que les intervenantES sont justement contrôléEs (directement ou de façon implicite) dans le but de tenir ce discours-là... Les études critiques ne manquent pas, les personnes motivéEs pour faire du travail plus inclusif (des diverses (a)sexualités et identités de genres) et féministe ne manquent pas, mais il leur est impossible de se faire un chemin dans le système institutionnel, justement parce que ce système est profondément sexiste, homophobe, transphobe, etc. Ce n'est pas sur l'Etat qu'il faut compter, mais au contraire sur la critique de l'Etat et sur le développement d'un système alternatif et autonome de formation, d'information et de transmission des savoirs, le tout reposant sur un réseau de solidarité qui soit toujours prêt à se remettre en question.

Ben moi je suis quand même vachement surprise parce que de mon côté l'éducation sexuelle à l'école, c'était génial.
Les profs qui nous l'ont faite en 4e et 3e étaient probablement les adultes les plus neutres et les plus décontractés face à des ados pour parler de sexualité que j'ai rencontré.

Il n'y avait aucun moralisme : ils nous parlaient d'orgasme et de masturbation avec naturel, en nous disant que c'était personnel et normal ; ils ne nous décourageaient pas du tout d'expérimenter le sexe même à l'âge qu'on avait. Leur vrai message c'était "protégez-vous des maladies et connaissez les moyens de contraception qui existent, ensuite vous faites comme vous le sentez".

Je ne me souviens pas qu'on ait énuméré toutes les sexualités possibles dans les cours du collège mais vu qu'entre nous on acceptait facilement l'existence de l'homosexualité et de la bisexualité (c'était très mal vu d'en dire du mal) - et que c'était quand même seulement la fin des années 90 -, je ne pense pas qu'il y ait eu un discours opposé non plus.
Au contraire, j'ai vraiment le souvenir d'un espace de discussion complètement neutre sur la sexualité qui semblait nous dire qu'il n'y avait rien de spectaculaire ou d'extraordinaire là-dedans, qu'il fallait qu'on se decrispe sur le sujet, contrairement à la culture populaire qui en fait tout un plat.

Donc tout ça pour dire que l'Etat a plutôt bien fait son boulot par chez moi (bien mieux que la plupart des assos animées d'intentions variées)... et qu'il était bien loin de vouloir imposer un moralisme étriqué.
Du coup, je ne trouve pas ça aberrant de vouloir mieux former ses intervenants au lieu de créer de nouvelles structures pour ça!

 

[Lova Gloomit]

Ben moi je suis quand même vachement surprise parce que de mon côté l'éducation sexuelle à l'école, c'était génial.
Les profs qui nous l'ont faite en 4e et 3e étaient probablement les adultes les plus neutres et les plus décontractés face à des ados pour parler de sexualité que j'ai rencontré.

Il n'y avait aucun moralisme : ils nous parlaient d'orgasme et de masturbation avec naturel, en nous disant que c'était personnel et normal ; ils ne nous décourageaient pas du tout d'expérimenter le sexe même à l'âge qu'on avait. Leur vrai message c'était "protégez-vous des maladies et connaissez les moyens de contraception qui existent, ensuite vous faites comme vous le sentez".

Je ne me souviens pas qu'on ait énuméré toutes les sexualités possibles dans les cours du collège mais vu qu'entre nous on acceptait facilement l'existence de l'homosexualité et de la bisexualité (c'était très mal vu d'en dire du mal) - et que c'était quand même seulement la fin des années 90 -, je ne pense pas qu'il y ait eu un discours opposé non plus.
Au contraire, j'ai vraiment le souvenir d'un espace de discussion complètement neutre sur la sexualité qui semblait nous dire qu'il n'y avait rien de spectaculaire ou d'extraordinaire là-dedans, qu'il fallait qu'on se decrispe sur le sujet, contrairement à la culture populaire qui en fait tout un plat.

Donc tout ça pour dire que l'Etat a plutôt bien fait son boulot par chez moi (bien mieux que la plupart des assos animées d'intentions variées)... et qu'il était bien loin de vouloir imposer un moralisme étriqué.
Du coup, je ne trouve pas ça aberrant de vouloir mieux former ses intervenants au lieu de créer de nouvelles structures pour ça!

Alors tu as eu de la chance mais malheureusement c'est loin, très loin d'être le cas partout. Et qu'il n'y ait pas de discours opposé aux diverses (a)sexualités ne suffit pas, l'invisibilisation est un fléau tout aussi important, et destructeur pour les personnes concernées. Quand on voit à quel point l'Etat est réfractaire à ces questions-là (rien que la semaine dernière, Vincent Peillon qui affirme qu'il n'est "pas pour la théorie du genre" (sic)), personnellement je préfère faire confiance et travailler avec des personnes qui se mobilisent déjà, plutôt que d'espérer qu'un jour une institution réactionnaire et figée décide enfin de valider mon existence et celles d'innombrables autres personnes. Le temps ce n'est peut-être pas de l'argent mais c'est de la survie, et là il y a urgence.

 

[Slaw]

Le souci c'est qu'il me semble que les intervenantES sont justement contrôléEs (directement ou de façon implicite) dans le but de tenir ce discours-là... Les études critiques ne manquent pas, les personnes motivéEs pour faire du travail plus inclusif (des diverses (a)sexualités et identités de genres) et féministe ne manquent pas, mais il leur est impossible de se faire un chemin dans le système institutionnel, justement parce que ce système est profondément sexiste, homophobe, transphobe, etc. Ce n'est pas sur l'Etat qu'il faut compter, mais au contraire sur la critique de l'Etat et sur le développement d'un système alternatif et autonome de formation, d'information et de transmission des savoirs, le tout reposant sur un réseau de solidarité qui soit toujours prêt à se remettre en question.

Vu comme ça, ma proposition est en effet très naïve.

Toutefois, ce vers quoi je voulais en venir était le fait qu'il n'est pas dans l'intérêt de l’État de continuer dans cette voie car elle se révélait inefficace (cf recours massif à l'IVG qui est remboursée à 100%  depuis cette année -forcément coûteux-, MST/IST elles aussi coûteuses à soigner...). Par pur pragmatisme, il parait avantageux de faire évoluer les cours/séances d'éducation sexuelle.

Et puis il me semble que les chefs d'établissement ont pas mal de marge de manœuvre à ce niveau là (ils/elles ne sont pas tous/toutes sexistes).

Il faudrait que cela devienne une priorité et que l'on en parle dans les médias etc. Je suppose que c'est le cas dans la mesure où c'est un sujet qui fait vendre -mais  sous un angle sensationnaliste qui n'apporte rien de bien-. Et pour cela, il faudrait que l’État s'y intéresse.

Je me rends compte que mon intervention est très étatiste et qu'il doit y avoir d'autres moyens.
=> précisément: tu parles de personnes motivées (@DestyNova disait faire partie d'une association, elle aussi) etc: tu as une expérience associative à ce niveau là? Tu as été évincée au profit d'un organisme plus conservateur (je parlais de ma mauvaise expérience avec le Planning Familial qui me semble pourtant plutôt ouvert sur ce plan là)?

 

[katnissvsw]

@Chasc Dans les textes officiels ,il est marqué que les intervenants peuvent être des gens formés dans l'établissement ou des associations ou institutions de l'extérieur si possible ayant un agrément de l'Etat. Il faut que ce soit marqué dans le projet d'établissement et présenté au Conseil d'administration et débat au CVL (si il s'agit de lycéens).
Bon après, c'est la théorie donc en gros, c'est au choix du collège.
 Si c'est un établissement privé à caractère confessionnel ,ça me parait concevable qu'ils vont choisir  des pro life , anticontraception et j'en passe même si les directives sont très claires dans ce document.

 

[El Condor]

Mbon. J'ai jamais posté ici (même si je lis ce que vous dites), mais tout à l'heure, là, y'a pas longtemps, j'ai pêté un câble.
Je sais que le lien du blog avait déjà été posté ici, et que déjà c'était pas cool, mais là, ils ont carrément pris le nom de domaine. C'est vrai, au cas ou quelqu'un voudrait leur piquer leur super idée.

Le site ici

Morceaux choisis :
Sympa.

Et on respire un grand coup.

@lafastod : Bon, on est d'accord, les idées véhiculées par ce site sont on ne peut plus dérangeantes et gerbantes, mais j'ai surtout envie de dire WAW MES RETINES BORD*L ! 
Mais qui est ce web designer de génie ? J'ai l'impression de revoir ça (avec en bonus de l'homophobie et de la xénophobie en tout genre)

 

[Irideae]

Oh bah tiens... j'viens d'voir cette image défiler sur mon Fb 

(source: http://www.facebook.com/photo.php?fbid=477345959015798&set=a.307631622653900.76139.307624959321233&type=1&theater)
Cherchez l'erreur...

En revanche ces commentaires ont fait ma journée:
Romain: "Cette image est extrêmement misogyne"
Thibault:" Ben à part marie curie et rosa parks, la tout de suite je suis à court d'idée pour le bas, par contre en haut..."
Nihila: "Si tu ne trouves aucune autre femme à caser en bas, tu devrais toi aussi éviter de te reproduire..."
Et paf!