Je suis mille fois d'accord avec ça J'ai eu la même réction quand Madame Lisa a fait cette remarque. En fait, mon avis se situe entre celui d'Alonso et de Madame Lisa. Comme Alonso, je suis féministe, matérialiste et constructiviste, c'est à dire que je conçois les hommes et les femmes d'un point de vue égalitaire et pense que rien ne nous distingue sauf des différences physiologiques et sociales. Donc effectivement, je répugne à voir dans les hommes des brutes assoiffées de sexe tout comme je répugne à concevoir les femmes comme des êtres mièvres et prudes (d'ailleurs si c'était le cas, ça ferait bien longtemps que l'espèce humaine se serait éteinte
).
C'est sur le sujet de prostitution que je suis pas du tout d'accord avec Alonso. Et comme toi, j'ai trouvé que son parallèle avec l'esclavage n'était pas du tout pertinent, de même que l'argument de Pulvar sur le travail non "choisi". Il est clair que les caissières, par exemple, ont un travail purement alimentaire et qu'elles aussi font de leur corps leur outil de travail. Mais personne ne dit qu'elles n'ont pas choisi d'exercer ce métier, qu'elles sont des victimes incapables de réellement consentir, alors qu'on se le permet avec les prostituées. D'ailleurs, y a un article où Judith Butler argumente de façon très intéressante à ce propos (
Vacarme / une éthique de la sexualité vers la fin de l'interview) :
"Or, les prises de position sur la
prostitution, « pour » ou « contre », que j’ai pu lire dans la presse française, semblent partager un présupposé qui concerne la liberté. Pour s’opposer à la
prostitution, en tant qu’elle empêche la libre expression du désir, on réduit l’échange sexuel marchand à une pure coercition. A l’inverse, pour défendre la
prostitution, on fait comme si la personne prostituée choisissait librement un contrat, sans contrainte. Dans les deux cas, il me semble qu’on manque le fait que la sexualité résulte toujours d’une négociation prise dans des forces, sociales et inconscientes, qui parfois se moquent de nos choix. Notre capacité d’agir consiste à nous frayer un chemin parmi des désirs qui sont pour une part contraints, pour une part libres.
Notre liberté n’est pas « libre » des conditions sociales. Ce qu’il y a d’humain ici, c’est la négociation même, le fait que nous faisons des choix, qu’il nous faut choisir, même quand notre choix est contraint selon des modalités que nous n’avons pas choisies."
Et ceci est une réalité, pour les tous les travailleurs/ travailleuses, qu'ils/elles exercent dans la prostitution ou au sein d'un supermarché.