Hole;3308084 a dit :
J’ai du mal avec l’idée que, parce que j'ai des ovaires, j’aurais un devoir de compassion envers celles qui se font marcher dessus.
Mais est-ce que tu n'éprouves pas en tant qu'être humain de la compassion pour d'autres être humains ? (ou, plus largement, en tant qu'être vivant, pour les autres être vivants).
Je ne pense pas que les femmes se font marcher dessus comme tu le dis. Je trouve que dire ça, c'est un peu caricaturer la société et l'impact qu'elle a (ou peut avoir) sur l'esprit humain. L'individu naît dans une société, et évolue en elle. Il intériorise forcément des aspects de cette société - des traditions, des coutumes, des pensées, des idées politiques, une certaine idée de la morale etc. Et donc naturellement l'idée d'une place de chacun dans la société et d'un rôle à jouer. C'est comme cela qu'on s'est retrouvé (et aujourd'hui encore d'ailleurs) avec des sociétés dans lesquelles très peu critiquaient l'idée d'esclaves, la ségrégation raciale, l'antisémtisme, l'islamophobisme, etc. Et notre société impose une vision de la femme et une vision de l'homme qui sont toutes deux très différentes et surtout séparées l'une de l'autre. On peut échapper à cette vision, refuser d'y correspondre parce qu'on voit bien qu'on ne s'y épanouirait pas (tu dis toi-même que tu es élève-ingénieure et que tu vis dans un monde majoritairement masculin, c'est donc que tu as réussi à dire "merde" et "je fais ce que je veux, tant pis si ça ne correspond pas à la "femme" que la société veut que je sois".), mais on l'intériorise très souvent. Et là où je ne suis pas d'accord avec toi, lorsque tu évoques les "femmes se font marcher dessus", c'est que la société impose ces images de la femme aussi bien que de l'homme, et qu'elles sont aussi bien intériorisées que par les femmes et les hommes.
Et je ne comprends pas pourquoi tu es freinée par le positionnement social. Je comprends tout à fait ta fierté d'avoir réussi à t'imposer dans le "monde majoritairement masculin" dans lequel tu évolues. Mais cela n'aurait jamais été possible si aucun homme ni aucune femme n'avait jamais participer à ce mouvement social. En tant que femme, tu n'aurais pas pu travailler, tu n'aurais pas pu acquérir un salaire, tu n'aurais jamais pu imposer à l'homme avec lequel tu vis/vivrais un partage des tâches, tu n'aurais pas pu attaquer qui que ce soit en justice, tu n'aurais jamais eu de comptes en banque (du moins, sans l'accord de ton mari), etc. Le féminisme est comme, tous les mouvements politiques, un mouvement tout autant individuel et spirituel qu'un mouvement social.
Le féminisme, (ou peut-être seulement ma vision du féminisme) c'est autre chose que de demander aux femmes de ne pas se laisser marcher dessus ; c'est avant tout régler toutes les discriminations sexuelles, c'est mettre femmes et hommes dans le même panier, que les individus aient, indiféremment de leur sexe les mêmes droits et les mêmes possibilités - et quand je parle de possibilité, c'est autant sur un choix de carrière par exemple que pour sa couleur préférée : le rose et le bleu peuvent être aimés indifféremment par les filles ou les garçons, et on peut être tout autant une que un pilote de ligne et puériculteur que puéricultrice.
Pour moi, faire des différences entre femme et homme, c'est un peu faire des différences entre les personnes à la peau noire ou les personnes à la peau blanche, les gens aux yeux bleus et ceux aux yeux marrons, les bruns et les roux, etc. J'ai les cheveux châtains, les yeux marrons et la peau blanche. Est-ce qu'une de ces caractéristiques me donnent des privilèges par rapport aux autres ? Est-ce qu'elles, au contraire, me pénalisent dans la société ? Non. Pourquoi serait-ce différent parce que je suis une et non un ? Etre féministe, pour moi, c'est trouver cette différenciation absurde et vouloir la corriger. Ne trouves-tu pas cela injuste, inique et absurde de dire qu'un tel individu est inférieur à un autre simplement parce que le premier est en réalité une femme ? Si oui, tu trouves ça absurde, c'est bien que tu te retrouves dans le féminisme.
Après, tu parlais de quotas, j'imagine que tu faisais par exemple référence aux quotas 50/50 dans le gouvernement. C'est ce qu'on appelle de la discrimination positive, et la plupart des Mads ici sont contre cette forme de discrimination et sont donc d'accord avec toi.
(Bonjour, j'aime écrire des discours ultra-organisés... Désolée
)