Le concierge mal-aimé
Si je prends la plume aujourd'hui, c'est pour défendre l'honneur d'un individu injustement dénigré, le mal-aimé Argus Rusard, dont le talent n'a jamais su être reconnu à sa juste valeur.
Quoi ? Me direz-vous, ce vieux cracmol tortionnaire ?
Faut-il que vous ayez eu le cerveau mangé par un veracrasse pour ne pas estimer à sa juste valeur cet admirable individu ? Que serait devenu Poudlard sans la dévotion de son remarquable concierge ? Cet individu impartial qui traite tous les élèves, quelque soit leurs maisons ou leurs origines avec le même mépris équitable. Cette impartialité est une vertu plutôt rare au sein du personnel de ce château, suffisamment rare pour être respectée. Le fait de souligner que cette vertu se manifeste par le mépris n’est que chipotage qui démontre d’une faiblesse argumentaire de votre part.
Sa dévotion, parlons-en de sa dévotion. L’avez vous vu passer du temps avec un ami ? Non, bien-sûr que non ! Vous vous dites sans doute, cruels que vous êtes, que c’est parce qu’il n’a pas d’amis. Il faut avoir la naïveté d’un bébé occamy devant une dînette pour croire cela, car voyez-vous la raison est tout autre. En effet, il tient son rôle tant à cœur, que l’idée de quitter son poste ne serait-ce que quelques heures pour un moment de détente ne lui vient même pas à l’esprit. Nuit et jour, par toutes saisons, il est là, fidèle au poste, faisant inlassablement ses rondes dans les couloirs sombres, froids et peu accueillants du château. Travail des plus ingrats, vous en conviendrez. Sa loyauté ne va qu’à Poudlard. Même par les temps les plus sombres, il n’a jamais abandonné son poste, tel un repère assistant impuissant au passage du règne -bien court parfois- des différents directeurs, tel un phare dans la nuit pour les pauvres étudiants déboussolés.
Qu’avez vous donc à lui reprocher ? Son attrait pour les sévices corporels ? Voyons, en quoi est-ce un mal ? La maison Serpentard en est adepte depuis des années et cela lui réussit plutôt bien. La jeunesse aujourd’hui s’est bien ramollie et chouine à l’idée de devoir passer une retenue avec lui, tout en franchissant toutes les règles possibles afin de s’y retrouver. Ne sont-ils pas, au fond d’eux, demandeurs de la punition ? Les cachots sont un lieu stimulant pour les élèves et leur développement. S'il propose bien souvent de pendre les élèves par les chevilles, c’est pour eux, pour leur bien, pour leur développement. En effet, le fait d’avoir la tête en bas, favorise l’afflux sanguin au niveau du cerveau et booste ainsi leurs capacités intellectuelles. Vous comprenez maintenant que ces propositions ont tout à fait leurs places dans un programme éducatif digne de ce nom et dont Poudlard semble tout particulièrement être dépourvu. D’ailleurs, si ses brillantes idées punitives sont balayées d’un revers de la main par le reste du corps enseignant, ceux-ci sont pourtant bien contents de pouvoir compter sur ce loyal concierge pour s’assurer de la surveillance des punitions aussi peu utiles qu’ennuyantes qu’ils donnent afin de pouvoir en toute quiétude se détendre autour d’une bièraubeurre ou devant une série Netwich.
Tous les reproches que vous lui faites, ne serait-ce pas que des excuses pour cacher votre mépris envers sa condition de cracmol ? Voire envers son physique que certains jugeront peu attrayant ? Cessez donc de le dévaloriser et reconnaissez la valeur de cet homme sans qui Poudlard ne serait qu’un vieux tas de pierres d’où les élèves ressortiraient aussi idiots qu’ils n’y sont entrés.
Réhabilitons Argus Rusard, cet individu injustement sous-estimé.
La luxuriante Miss Teigne